Coups de griffes [Scratches #1]

[Le 2 février 2006, mon cher ami Salaryman mixait sur radio Brume pendant 30 minutes. J'étais tranquillement chez moi, en train d'attendre ce moment magique, lorsque j'ai eu cette envie soudaine d'essayer un petit truc: rédiger une nouvelle pendant la durée du mix, écrire instinctivement en me laissant guider par la musique, mixer les mots comme ils me viennent, avec cerveau et dictionnaire pour platines…Un petit défi inévitablement brouillon mais une aventure sympatoche! Je ne prétends rien inventer ni atteindre une qualité respectable. Il s'agit seulement d'un petit délire en toute modestie… et d'un hommage simple mais mérité à Salaryman après toutes les soirées qu'il nous a déjà offert et avant toute la suite. Peu importe le résultat, c'est l'intention qui compte!]

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Ignominium était là derrière moi/la Fleur. Mais peu importe. Je m'enfuyais et il n'arrivera pas à m'atteindre. Ignominium/la Terreur. Terreur pour qui? Etait-ce là ce qui effrayait mes compagnons, ceux qui s'étaient terré pendant des mois sous Alpha/la Cité Kaki? Longue inspiration et je m'envole. Vol de pollen, guidé par les Abeilles de la lumière, celles-là même qui m'avaient vu naître un jour de printemps. Trois ans déjà. Trois ans depuis que je foule cette terre autrefois dichotomique mais devenue ce monde Métis fait d'amour et de haine. Trois ans seulement et je m'échappe déjà de mes racines. Ignominium est derrière la Fleur. Il me faut fuir.

Envol.

Vol.

Violence gratuite d'Ignominium. Propre de l'existence? Est-ce légitime de vouloir s'approprier la vie à tout prix? La Terreur n'était pas si inhumaine, au fond. Boule de chair et de sang, prête aux pires actions pour justifier sa propre existence. Douleurs enfouies. Trop profondes pour l'aider à atteindre la lumière des Ruches. Jalousie infernale qui le poussait à sortir ses griffes pour glaner de force ce qu'il trouvait sur son chemiN. Le chemin de la N. Route démoniaque, ligne de vie inexorable d'Ignominium.

La Cité Kaki est sous moi. Je la vois indistinctement à cause de ce doux brouillard qui me porte. La Terreur a noirci les longs gratte-ciels qui croissent indéfiniment, s'enfilant les uns dans les autres dans un antre au-delà du naturel – mais paradoxalement en son sein. Les forêts résistent comme elles peuvent. Mes compagnons sont là, dessous, à lutter pour que cet univers Métis survive. Pour qu'aucune des deux composantes essentielles ne prenne le dessus.

Ignominium n'est plus un compagnon. Il n'est pas de ceux qui voient clair. Volonté de surpuissance. Souhait de grappiller des morceaux de territoires – autant spatiaux que temporels – sur le côté Olive. LE côté dont il avait horreur, tellement il était persuadé que ce côté s'était toujours refusé à lui. Incapable de cerner le fait qu'au contraire il avait toujours soigneusement évité cette demi-atmosphère. Lui préférait le côté Châtaigne, celui dans lequel il s'était englouti inconsciemment, oubliant son caractère intrinsèque. Métis, comme tous les autres.

Les autres.

Nous/Eux/Vous.

Ils sont là-dessous, à pousser des deux côtés pour que l'équilibre persiste. Ignominium possède une haine incommensurable mais en reniant le côté Olive il s'est privé d'une moitié de sa force. Il erre dans des couloirs impossibles, au milieu des gratte-ciels serpentins. Il tente de convertir tous mes compagnons. Mais qui? Qui voudrait renoncer à sa liberté? A la richesse du monde Métis? Non. Peu d'individus aujourd'hui ont eu la malchance de ne pas intégrer instinctivement la consistance du monde.

Dès lors il veut massacrer.

Désintégrer.

Noir est le côté Châtaigne lorsqu'il se retrouve seul. Mais vert éclatant est le côté Olive quand il doit prendre les choses en main pour ressouder l'Harmonie. Fleur que je suis, je sème à tous vents. Disperser cette force duale qui a construit notre monde.

Le salut des Métis.

Coups de griffes sages pour re-scotcher l'équilibre.

Faire vibrer à nouveau la splendeur des Ruches.